C’est l’histoire d’un petit grain qui vient de Colombie, du Pérou, du Vietnam ou d’Éthiopie. Une drôle de cerise qui commence à pousser dans la corne de l’Afrique avant de conquérir toute la planète, qui a fait trembler des gouvernements, nourrit des idées de liberté, et a permis à de nombreux pays de se développer.
Effectivement l’histoire du café est riche en rebondissement, de la légende de sa découverte au Moyen Age jusqu’à la mondialisation actuelle, cet article vous donnera les grandes étapes d’une histoire qui continue de s’écrire à l’heure actuelle
Aujourd’hui, le café fait partie des boissons les plus consommées dans le monde avec le thé . On le déguste à tout heure de la journée, seul ou avec des amis, chaud ou glacé, long, court ou serré, avec du lait ou nature… À l’image des œnophiles qui se passionnent pour le vin, les amoureux du kawa, les caféophiles plébiscitent les grands crus qu’ils dégustent et se ravissent alors des différences aromatiques entre un arabica, un robusta, et débattent sur les modes de préparation de l’expresso, du macchiato ou du cappuccino !
La légende de la découverte du café

L’origine du café est emprunt de mystères et de légendes. Consommé depuis l’antiquité, la découverte du café et de ses propriétés est, comme de nombreuses légendes, le fruit des aventures d’un berger. Celui-ci vit en Érythrée l’actuelle Éthiopie et alors qu’il accompagnait son troupeau brouter l’herbe des hauts plateaux, il remarqua que certaines de ses chèvres, malgré l’ascension laborieuse débordaient d’énergie et de vie. Celles-ci mangeaient avec avidité les fruits rouges d’un petit arbuste qui poussait à l’ombre.
Intrigué et fourbu après une longue journée de marche le berger décida alors de croquer un de ces fruits et s’en sentit si ragaillardi qu’il se mit à danser. Fier de sa découverte, il la fit partager à son village.
Vous pensez qu’il y a déjà eu plus épique comme légende… mais si je vous dis que la découverte de ce fermier vivant dans la corne de l’Afrique a influencé notre histoire profondément.
Vous ne me croyez pas ? Et bien laissez moi vous guider dans cette brève histoire du café!
La révolution du kawa
Ce dont on est sûr c’est que le caféier est un arbuste endémique de l’ Ethiopie, et que c’est en Ethiopie que l’on retrouve les plus anciennes traces de consommation de café remontant au VIIIème siècle.
Cependant de nombreux indices tendent à montrer que les Ethiopiens utilisaient le café pour ses propriétés revigorantes depuis l’Antiquité et ils avaient vraisemblablement découvert la torréfaction. Ces grains auraient aussi servi de monnaie avec les nombreux marchands en provenance de la péninsule arabique.
C’est donc sans surprise qu’au XVème siècle dans ce qui deviendra le Yemen que l’on retrouve une véritable culture agricole du caféier et une activité de négoce du café dans la ville de Mokka. (il n’y a pas de hasards dans la vie).

Appelé ”Kawa”, ce breuvage revigorant se popularise dans tout le monde arabo-musulman. Et aujourd’hui encore on peut trouver des marchands de café et thé ambulants dans les souks et lieux touristiques du Maghreb et du Moyen orient. Une attraction et un délice.
Mais revenons à l’histoire du café. Car c’est très peu de temps après la démocratisation du café dans le monde musulman que cette spécialité est alors découverte par des marchands occidentaux.
Et ce sont des marchands vénitiens bien inspirés qui commencent à faire venir le célèbre grain en Europe dès 1615. Venise, ville la plus riche du monde à son époque commence à voir l’apparition de débit de café. Et le café se boit alors d’abord en Italie avant d’être bientôt servi dans toute l’Europe.
La déferlante caféïnée sur l’Europe des lumières

Mais la France n’est pas étrangère à la popularité du café, oh non ! En effet le roi Soleil, grand amateur de café, popularise la consommation de cette boisson qui se déguste désormais dans les salons mondains européens où on apprécie son amertume et ses propriétés revigorantes.
L’intérêt pour cette boisson exotique rare et luxueuse entraîne l’émergence de nombreux cafés fréquentés par des intellectuels, des philosophes et d’artistes qui échangent leurs idées une tasse de café, de thé ou de chocolat amer à la main et où sont distribués des pamphlets politiques.
Quand l’histoire du café influence la grande histoire :
Durant le Siècle des Lumières, le café est le lieu où naissent des idées libérales, où sont distribués des pamphlets et où nos grands philosophes se rencontrent. Voltaire, grand amateur de café, possédait une collection de nombreuses cafetières et buvait régulièrement près de 12 tasses pas jours.
Outre Atlantique aussi les cafés sont un lieu où s’échangent des idées révolutionnaires, en effet c’est dans un café de Boston, le célèbre Dragon vert, que le Boston Tea Party a été pensé et préparé marquant ainsi le début de la révolution américaine.
Inspirée par celle ci, par les Lumières, et revigoré par notre boisson préférée, les Français ont maintenant aussi soif de liberté, d’égalité, dont la fraternité marquera l’histoire à jamais.
Le café mondial
Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle le café était principalement cultivé au Yemen et en Ethiopie et importé depuis l’Égypte principalement par les Italiens. Mais les relations avec le monde musulman étant fluctuantes, et les états Européens ayant aussi des relations conflictuelles… dépendre de ces goulets d’étranglement pour leur approvisionnement était problématique.
Alors afin de sécuriser l’approvisionnement en café et de répondre à la demande, des plantations de cafés sont effectuées dans les colonies.

La première plantation d’un caféier dans les colonies a lieu en 1726, quand, après une traversée difficile, le capitaine de vaisseaux Gabriel de Clieux introduit des plants de café en Martinique sous l’ordre du Roi. Issus des serres royales à Versailles, ces plants de café sont si précieux que De Clieux partageait sa maigre ration d’eau avec les plans de cafés afin qu’ils survivent à la traversée.
Trois plants seront plantés avec succès sur les pentes douces du Mont Pelé et donneront de belles quantités de café permettant aux colons de diversifier l’économie de l’île avec une nouvelle production.
Ces quelques plants d’Arabica seront à l’origine de tout les caféiers caribéens et sud américains dont les fameuses variétés d’Arabica Blue Mountain en Jamaïque.
Les plants de café de Martinique sont les descendants directs des plants de café originaux amenés par De Clieux et sont toujours cultivés sur la pente douce du Mont Pelé, là même où les colons les implantèrent il y a 400 ans de cela.
A partir de ce moment, le café a suivi les routes commerciales et s’est répandu dans le monde. Il est devenu en quelques siècles une des boissons les plus consommées au monde privilégiant ainsi une logique productiviste à la logique qualitative des origines. L’apport en caféine étant devenu plus important que celui du goût et des arômes.
Deuxième ressource échangée au monde, l’importance du café dans l’économie est alors telle qu’elle est devenue l’une des premières matières cotées sur le marché à terme à Londres et à New York, définissant le cours du Robusta et de l’Arabica de manière globale.
Aujourd’hui et le monde de demain
Au cours des siècles, la culture du café a permis à de nombreux pays producteurs de se développer et de construire leur économie non sans heurts et tragédies.
La première de ces tragédies était l’esclavage dans les plantations, la production de café étant une des activités ayant recours au sinistre commerce triangulaire.
De nos jours ce sont les variations brutales des cours du café qui favorise une instabilité économique et politique notamment dans les pays d’Amérique du sud. Les grands groupe industriels occidentaux n’hésitant pas à manipuler la demande pour faire chuter les prix.
De plus, les cours du cafés sont établis de manière globale sans prendre en compte les coûts de production et les particularités inhérentes aux différents pays producteurs. Selon certains économistes, cette logique de marché alimenterait des cycles qui alternent de manière excessive entre surproduction et pénurie. Cela maintient les producteurs de cafés dans des situations financières difficiles.
Les pays producteurs ont donc essayé de se regrouper afin de défendre leurs intérêts et de rétablir des politiques de restriction des exportations pour faire remonter les cours du café. Mais cette volonté se heurte à la résistance des pays du Nord, notamment des États Unis qui sont les principaux consommateurs de café. De cet effort il ne reste que l’OIC qui regroupe pays producteurs et importateurs et qui n’a pas pour principale priorité l’amélioration de la qualité du café mais plutôt le maintient des cours.
Ensemble renversons un peu cette logique
Pour vous expliquer plus simplement, imaginez un cours du vin fixé de manière globale. Ainsi les producteurs bordelais œuvrant dans l’amour de leur art et le respect de leur terroirs seraient mis en concurrence avec des vins de mauvaise qualité produits industriellement. Français éclairés que nous sommes, nous pouvons facilement comprendre qu’il y a une différence de qualité, de mode de production, et de goût entre un Saint Julien à 30 € et une bouteille de Yellow Tail à 2 €.
Si le prix de vente du vin était décidé de manière globale, nos vignerons auraient bien du mal à vivre de leur activité.
Il en va de même pour le café, c’est pour cela que nous défendons le modèle équitable. Et nous défendons l’établissement d’appellations protégées locales. Car il est important que les petits producteurs responsables soient rémunérés à la hauteur de la qualité de leur travail. Et ainsi participer au développement et à la richesse de leur pays, plutôt que de favoriser un néocolonialisme entretenu par des grands groupes industriels des pays riches.
Nous espérons que vous avez apprécié la lecture de cet article et que vous aurez une pensée pour cet héritage de plusieurs siècles lorsque que vous dégusterez votre café.
De nos jours une nouvelle page de l’histoire du café est en train de s’écrire et vous pouvez nous soutenir dans notre démarche équitable et soutenir directement ces exploitants en achetant nos cafés.